Journal d'expo

Bienvenue au Centre d’art contemporain de la Matmut - Daniel Havis.

Élodie Boutry est une artiste plasticienne française originaire de Normandie vivant et travaillant à Paris. Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Rouen en 2005, elle participe à plusieurs programmes de résidence, en France et à l’étranger. Élodie Boutry travaille la peinture en la débarrassant de ses supports traditionnels. Sa peinture s’est progressivement détachée du mur d’exposition pour se retrouver sur des volumes géométriques imposants posés au sol, parfois dans des espaces publics. On retrouve ses installations dans des chapelles, des parcs, sur l’eau, d’autres fois lévitant comme dans le hall d’entrée du théâtre de la Merise à Trappes ou encore sous la forme d’un pont à Évreux dans le cadre de l’exposition collective Parcours de Sculptures.

L’artiste investit des lieux pour les réveiller, les bousculer et les arracher à leur léthargie. Les sculptures d’Élodie Boutry sont empreintes de triangles, cubes, pyramides et autres formes colorées. Elle réalise des projets in situ en s’appropriant les lieux et en jouant avec leurs contraintes, leurs dimensions, leur histoire et leurs particularités. Ses œuvres donnent à voir des effets d’optique où le spectateur est invité dans des déambulations géométriques, des jeux visuels et de contrastes.

Du mur vers le sol, du sol vers le mur

« Je suis peintre mais j’ai la particularité de faire des peintures en 3 dimensions » Élodie Boutry

Dans le travail d’Élodie Boutry, on remarque une certaine évolution dans la façon de présenter ses œuvres. L’artiste a commencé par investir ses œuvres directement sur les murs en 2 dimensions avant de les déplacer pour qu’elles se retrouvent au sol en 3 dimensions.

En 2005, au moment de ses débuts artistiques, Élodie Boutry explorait les irrégularités des surfaces d’exposition : les angles, les ouvertures, les renfoncements et les décrochements. On le voit nettement dans ses ateliers à l’école régionale des Beaux-Arts de Rouen où elle recouvre les murs blancs de ses créations géométriques. Élodie Boutry peint directement sur le mur, le motif qu’elle produit devient comme du papier peint. Exposant au grand jour les irrégularités des pièces, l’artiste les utilise pour mettre en volume ses peintures. Certaines de ses peintures se trouvent en extérieur comme sur la façade de la bibliothèque de Pont-Audemer.

Petit à petit, elle déplace sa peinture sur une surface plane en volume. Depuis le milieu des années 2010, le travail d’Élodie Boutry a migré des surfaces verticales aux surfaces horizontales. Il prend la forme de tableaux en 3 dimensions qui constituent des éléments décoratifs de l’architecture intérieure ou extérieure. L’artiste place la modification de l’espace physique et la question du volume dans la peinture au cœur de sa pratique. Elle considère le volume comme une excroissance de la peinture qui vient perturber la surface plane du mur environnant si sa sculpture est en intérieur ou le paysage quand celle-ci est en extérieur.

Pour son installation « Hosta » au Centre d’art contemporain de la Matmut - Daniel Havis, la démarcation entre le mur et le sol est ténue. L’artiste a choisi des motifs et des couleurs qui rentrent en dialogue avec les parois vitrées de la charreterie et sur son œuvre en son centre. Le visiteur se retrouve immergé dans une bulle colorée de formes géométriques.

Les contraintes du travail in situ

« L’idée est de travailler par rapport aux contraintes données de l’espace où je suis invitée à intervenir » Élodie Boutry

Élodie Boutry est une artiste qui apprécie tout particulièrement travailler in situ. Elle prend le temps de s’imprégner pleinement du lieu qu’elle va investir afin de créer une installation qui réveille son environnement.

Elle a conçu plusieurs de ses expositions en contraste avec le lieu qui les accueille. Dans son exposition Cosmicisme en 2017, elle reprend la suite mathématique de Richard Padovan sous la forme de pyramides colorées qu’elle insère dans l’architecture brutaliste de l’espace d’art contemporain Pile Pont Expo à Saint-Gervais-les-Bains. Dans d’autres expositions, Archipel au centre d’art les 3CHA à Châteaugiron en 2019 ou encore Dédale à l’H du siège à Valenciennes en 2022, l’artiste prend possession du vide dont elle dispose pour créer des formes géométriques imposantes et colorées qui se distinguent des simples murs qui les entoure.

Élodie Boutry s’adapte au lieu d’exposition, qu’il soit intérieur ou extérieur, en prenant en compte ses contraintes. Quand elle s’investit en extérieur, l’artiste a tendance à faire grimper ses installations sur les éléments extérieurs. Elle gravit les marches du château de Montherlant, semble vouloir grimper le long de la tour des archives de Vernon.

Le vivant, entre intérieur et extérieur

« J’aime passer du temps à savoir comment je vais fabriquer les choses, à chercher la complexité » Élodie Boutry

Élodie Boutry a imaginé son installation dans la charreterie du centre d'art en s’inspirant des jeux de construction pour enfants. Les jeux de couleurs, les formes régulières et la taille variable des 12 colonnes hexagonales pourraient être celles d’une aire de jeux dans un parc.

Si Élodie Boutry a voulu garder l’aspect ludique et vivant des jeux de construction dans son projet « Hosta », elle a décidé d’en changer l’utilité. Elle propose une construction avec tantôt des assises, tantôt des éléments décoratifs empreints de végétaux. Sa sculpture peinte offre un espace accueillant, chaleureux et propice à la « conversation ». Élodie Boutry invite le visiteur à s’assoir confortablement et profiter de l’atmosphère colorée amplifiée par les vitrophanies. Les jeux de lumières provoqués par les reflets colorés qui peuvent se former au sol lorsque la lumière extérieure les traverse, amenent du mouvement dans la sculpture pourtant statique d’Élodie Boutry. Ces jeux de lumières varient en fonction de la météo et du moment de la journée.

Les végétaux ajoutés au sommet de quelques colonnes et les vitrophanies font vivre l’extérieur à l’intérieur de la charreterie. Le choix d’intégrer des végétaux n’est pas anodin et constitue une nouveauté pour l’artiste. Élodie Boutry a voulu que son installation fasse écho au parc du centre d’art qui entoure la charreterie. Leur forme hexagonale évoque les alvéoles des nids d’abeilles. La prolifération est au cœur de ce projet avec ces plantes en croissance, ces colonnes en expansion et ces vitrophanies à la fois sur les vitres et reflétées sur le sol de la charreterie.

ABSOLEM, 2020, dans le cadre des Journées européennes deu patrimoine au Château de Montherlant

Régularité et contrastes des formes et des couleurs

« L’idée est de travailler par rapport aux contraintes données de l’espace où je suis invitée à intervenir » Élodie Boutry

Le travail d’Élodie est fait de répétitions de motifs simples. On reconnait l’inspiration d’artistes minimalistes comme Sol Lewitt ou bien Mondrian dans le choix des formes et des couleurs. Élodie Boutry s’en distingue en choisissant de se détacher du mur. On observe une certaine régularité des formes géométriques et des supports sur lesquelles elle sont produites : des pyramides, des cubes, des parallélépipèdes et surtout des polyèdres qui sont des formes géométriques à trois dimensions ayant des faces planes polygonales. Le point commun entre toutes les œuvres d’Élodie Boutry est leur couleur. Pour elle, ses constructions sont avant tout un prétexte pour la couleur.

Les précédentes sculptures d’Élodie Boutry formaient des univers contrastés avec leur environnement qui faisaient ressortir ses interventions. Dans la charreterie, elle a choisi au contraire de faire des « rimes visuelles » entre son installation au centre de la pièce et les vitres du bâtiment sur lesquelles sont collées les vitrophanies. Les couleurs et les formes de ces « peintures en transparence » rappellent celles des colonnes hexagonales qui traversent la charreterie.

L’artiste colonise l’espace avec ses formes et ses couleurs régulières qui tendent à se croiser. En faisant varier la taille des colonnes hexagonales, Élodie Boutry apporte à la fois un rythme avec des colonnes qui semblent croître progressivement et en même temps provoque des ruptures quand d’autres colonnes diminuent subitement. Ces effets d’optiques géométriques, accentués par les couleurs vives des colonnes, provoquent des basculements du regard.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Visites pour les groupes

• Dimanche 21 juillet 2024 à 15 h
• Dimanche 4 août 2024 à 15 h
• Dimanche 18 août 2024 à 15 h
• Dimanche 1^er septembre 2024 à 15 h
• Dimanche 15 septembre 2024 à 15 h

Pour en savoir plus sur Élodie Boutry