Anaïs Lelièvre

Journal d'expo

Anaïs Lelièvre
Pinnaculum

Centre d’art contemporain
de la Matmut - Daniel Havis

8 juillet – 1er octobre 2023

Parc et charreterie

Bienvenue au Centre d’art contemporain de la Matmut - Daniel Havis.

Après son Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique à l’École Supérieure d'Art de Rouen, Anaïs Lelièvre a fait émerger une pratique qui oscille entre dessin et sculpture, entre concentration minutieuse et déploiement monumental.

Selon une approche spatiale du dessin, son travail se développe en résidence depuis fin 2015, en France et à l’étranger : Islande, Brésil, Suisse, Grèce, Canada, et plus récemment au Portugal et en Arabie Saoudite.

Ses installations peuvent prendre de multiples formats, elles sont issues de dessins de fragments de matières, minérales ou végétales, poreuses ou stratifiées, mis en croissance dans des espaces tantôt clos tantôt ouverts.

Anaïs Lelièvre investit la charreterie du parc du Centre d’art par une extension de son projet Pinnaculum. Cette installation a germé en 2018 au musée des Augustins de Toulouse en partenariat avec Cahors Juin Jardins, puis fut réimplantée en de multiples lieux et réagencements : dans le cloître de la cathédrale de Saint-Etienne de Cahors en 2019, à la chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains et à l'Abbatiale Saint-Germain d'Auxerre en 2021, à l'abbaye Saint-Jean-d'Orbestier des Sables d'Olonne en 2022, et au Centre d'art Le Garage d'Amboise en 2023. Cette installation nomade et modulable s’enracine, se déracine, ré-enracine, active une approche dynamique de l’architecture et invite à creuser l’écart avec la référence végétale : les racines figurées sont ici coupées, extraites de terre, pour entrer dans le champ du visible sous une forme géométrique qui devient un nouvel espace.

Musée des Augustins, Toulouse

2018, Musée des Augustins, Toulouse. Festival Cahors Juin Jardins.

Cloître de la Cathédrale Saint-Etienne, Cahors

2019, Cloître de la Cathédrale Saint-Etienne, Cahors. 900e anniversaire de la Cathédrale, Festival Cahors Juin Jardins.


(image gauche) 2019, Cloître de la Cathédrale Saint-Etienne, Cahors.

(image droite) 2021, Chapelle de la Visitation, Thonon-les-Bains. Exposition Anaïs Lelièvre, expériences d’espaces. Commissariat Philippe Piguet. © Annik Wetter.


Abbatiale Saint-Germain, Auxerre

2021, Abbatiale Saint-Germain, musée d’Art et d’Histoire, Auxerre. Exposition Entre-lieux, organisée par la Galerie Hors-Cadre, Auxerre. ©Patrick Rimond.

(image gauche) 2022, abbaye Saint-Jean d’Orbestier, Les Sables d’Olonne. Exposition Anaïs Lelièvre, L’esprit des lieux, organisée par le Musée d’Art moderne et contemporain MASC, Les Sables d’Olonne. Commissariat Philippe Piguet. ©Aurélien Mole.

(image droite) 2023, Centre d'art Le Garage, Amboise. Exposition Chantier/Castel (idéel). ©Ville d'Amboise.

Pour la nouvelle version de l’installation dans la charreterie, le nombre de modules continue de croître (avec cinquante volumes supplémentaires) et le dessin vient s'étendre sur le sol pour constituer un microcosme, paysage intérieur dans lequel il est possible de s’immerger. L'espace ambigu de la charreterie, à la fois architecturé et ouvert sur le jardin extérieur, se prête parfaitement à la réimplantation à cette œuvre, dont les formes sont inspirées de pinacles gothiques et le dessin de racines coupées d'un arbre surnommé «faux-cyprès».

Extrait du texte de Philippe Piguet, catalogue d’exposition, Anaïs Lelièvre, L’esprit des lieux, musée du MASC, Sables d’Olonne, 2022.

La démarche d’Anaïs Lelièvre est riche de toutes sortes de préoccupations, de forme et de fond, qui interrogent la relation du corps à l’espace. Quels que soient les lieux où elle intervient, l’artiste vise à réaliser des œuvres qui opèrent en relais de celle-ci dans l’intelligence d’une histoire, sans narration, et d’un ressenti, libre de toute expression. Dans un partage avec l’autre, pour ce que « c’est le regardeur qui fait l’œuvre », comme le disait Duchamp. Sa démarche relève d’une expérience phénoménologique - tel que l’art minimal en a usé – et de la quête d’un être-là, nourri du vécu d’une mémoire. Elle en appelle à la mise en jeu des rudiments d’un habiter qui lui permet non seulement de saisir la part subtile de l’esprit des lieux où elle s’arrête, mais de l’inscrire au compte d’une réflexion involutive sur la question de l’œuvre et la possibilité de ses métamorphoses.

Des relations de l’œuvre à l’espace de sa monstration, deux cas de figure sont à considérer. Le premier, qui est le plus ancien, porte sur le moment même de sa création et de son rapport au lieu où elle s’informe. Tel est le cas des peintures rupestres qui épousent le relief des parois sur lesquelles elles sont réalisées ou celui, plus contemporain, d’installations faites spécialement pour le contexte. Le second cas concerne des œuvres modulables, qui préexistent et qui sont en capacité de s’adapter à l’espace où elles sont présentées. Dans l’une comme dans l’autre de ces deux situations, ces œuvres sont pensées par leurs auteurs aux fins de mettre en exergue l’esprit des lieux qui les accueillent. Non seulement l’art d’Anaïs Lelièvre est requis par cet esprit des lieux mais il procède tout à la fois de ces deux cas de figures. De fait, si l’artiste n’envisage son travail que dans une étroite relation à l’histoire des lieux o elle intervient, recherchant toute documentation qui lui permette de l’appréhender au mieux, elle le nourrit sans cesse du développement des expériences traversées. Sa démarche gagne ainsi la pertinence d’un continuum qui la charge de sens, tout en modulant celui-ci des situations qui lui sont offertes, et les formulations qu’elles trouvent reposent sur un socle conceptuel et formel solidement réfléchi.

Créé à Toulouse au musée des Augustins en 2018, présenté à Cahors à la cathédrale Saint-Etienne en 2019, rejoué à Thonon-les-Bains à la chapelle de la Visitation en 2021, Pinnaculum est un ensemble de quelques 90 éléments modulables, en forme de volumes aux allures de pinacles, imprimés sur PVC d’un dessin de racines de faux cyprès coupés. Leur arrangement, en extérieur ou en intérieur, suggère comme un paysage d’archi-écritures, éclatées en îlots ou regroupées, qui appelle la déambulation ou la circulation. Aligné dans la nef de l’abbaye Saint-Jean d’Orbestier, simplement posé à même sur la terre battue, Pinnaculum trouve là une nouvelle formulation qui souligne la pureté des lignes de la bâtisse. La nudité brute de son appareil de pierres, la sobriété architecturale de ses colonnes et de ses voûtes, l’immaculé de ses vitraux qui ne colore pas les rayons de soleil jouent d’harmonie complémentaire avec les entrelacs graphiques des modules, eux-mêmes disposés en un jeu d’échelles variées.

L’intérêt d’Anaïs Lelièvre pour l’architecture, de quelque nature qu’elle soit - religieuse, civile ou militaire -, relève chez elle d’une propension à prendre en compte les lieux qu’on lui propose pour en exprimer la relation existentielle du corps à l’espace dont ils sont les vecteurs. En ce sens, son art repose sur la nécessité primordiale d’emplir l’espace qu’elle occupe, parfois jusqu’à saturation, dans tous les cas pour inviter le regardeur à l’embrasser à son tour, à le découvrir dans toute son amplitude et dans toutes ses composantes. Cette appropriation des lieux s’accompagne chez elle d’une nécessaire connaissance de leur histoire pour concevoir la façon la plus pertinente d’y intervenir.

Extrait du texte de Marc Pottier, « Le dessin sans limite d’Anaïs Lelièvre s’élève du Poush, premier gratte-ciel d’ateliers d’artistes », Singulars, 11 août 2020.

Sortir du cadre et tutoyer les nuages

Processus de production

Processus de production - ©Isabelle Marrou et ©Ines Cherlgul

(…) De la technique millénaire du dessin, Anaïs Lelièvre fait « autre chose », pas toujours simple à nommer : des sculptures dessinées, des explosions de collages en noir et blanc, des fragments de matière minérale ou végétale ? Tout son travail concourt à dépasser les limites du cadre, et sortir des architectures. De ses traces petit format, par un jeu de multiplication numérique l’artiste réussit à générer un environnement immersif, sans limite !

Un « dessin-source » qui se déploie

« Le principe est qu’au départ de chaque installation ou chaque suite d’installation, il y a un dessin, que je nomme «dessin - source» ou «dessin - matrice». »

Anaïs Lelièvre détaille son processus de création. Ce dessin est numérisé et progressivement rétréci et agrandi, jusqu’à tendre à l’infime d’un point où à ce que la ligne devienne surface. Le tout est imprimé par photocopieuse.

« Un dessin est ainsi une réserve, qui se déploie en une diversité de textures, puis en une diversité d’espaces, car un dessin-source peut générer plusieurs installations, chaque fois différente. Désormais, je travaille sur PVC imprimé de la même manière et non plus sur papier. » nous révèle-t-elle.

Dessin-source

Dessin-source : Racines de faux cyprès coupées, 2018, encre sur papier, 21 x 29,7 cm.

Patron de pinacle

Patron de pinacle, 2018, édition numérique.

Des tracés sismiques

L’artiste continue de nous livrer un peu ses secrets : « Le dessin est sans cesse ce dessein qui rate. En cela il semble gravure mais n’en est pas. C’est dans ce rapport, qui se décale du dessous au-dessus, de la profondeur à la surface, du tout près au très loin, que ça vibre et que ça vit. Cherchant à cerner autrement ce qui s’y joue, des mots griffonnés et raturés, recouverts ou recouvrant, se débordent et se distordent, ouvrant à une lecture non linéaire, ponctuée et rebondissante de ses manques. Et cette tentative de perforation et d’énonciation qui devient lignes, tracés sismiques, est ce qui fait que le dessin persiste actif, réactivant sans cesse, dans l’espace du regard, son processus d’émergence ».

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Toute les visites accompagnées sont gratuites et sur réservation sur matmutpourlesarts.fr

Visites pour les groupes

Tous les jours, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.

Visites du parc et focus sur l’installation Pinnaculum

1h30
  • Samedis 15 juillet 2023 à 15 h
  • Samedis 12 et mercredi 26 août 2023 à 15 h
  • Samedis 30 Septembre 2023 à 15 h

Pour en savoir plus sur Anaïs Lelièvre

Site internet :

http://anaislelievre.com/

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En ce moment dans les galeries du Centre d’art contemporain

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Jusqu’au 3 septembre 2023

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Joanie Lemercier, Points de vue

16 décembre 2023 – 24 mars 2024