Sélection d’œuvres
Depuis leur rencontre en 1966 à la Villa Medicis après l'obtention du Prix de Rome, le parcours croisé de Jean Marc Lange et de Jacqueline Georges Deyme suit des chemins parallèles au rythme de la spécificité de leur art.
La peinture pour le premier, la sculpture pour la seconde et, pour tous les deux, le choix d'un art figural. L'exposition propose une sélection d'oeuvres des dix dernières années.
Les tableaux de Jean Marc Lange présentent un décor indéfini, et cependant allusif - un bord de mer, la cité romaine vue d'une terrasse, un paysage cloisonné de claies arborées - ils ne nous livrent que des indices. Un homme au chapeau (un autoportrait discret, identifiable dans le personnage qui traverse la cour de la Villa Medicis, un carton sous le bras), une femme (hommage pudique à Jacqueline), des transats, des portants, un palmier qui barrent l'espace, la mer, le rivage, les cubes des maisons vues des toits amorcent une histoire. D'étranges cernes noires structurent chaque forme plus qu'ils ne l'entourent. Ces traits renforcent les densités différentes de la couleur. La palette est d'une sobriété délibérée, restreinte au noir et au blanc, aux terres, aux ocres rouge et jaune, au vert.
Mais une menace plane. Soudain tout bascule, les chaises se renversent, chutent dans une espèce de tête à queue, sans dessus-dessous. L'interrogation ressurgit.
Jacqueline Georges Deyme veut que ses sculptures soient l'expression d'une humanité profonde. Objets et souvenirs d'un monde oriental qui berça son enfance. Tout un lent travail de modelage conduit la terre cuite au bronze, le plâtre aux émaux et à la polychromie, offerts à des retouches permanentes à chaque stade du travail. Sans crier gare, ses personnages, angelots, enfants mutins, animaux sont travaillés par une fantaisie qui nous fait glisser vers un monde parallèle. Tout en douceur on pénètre dans un fantastique tendre, sans éclat nous sommes conduits dans le champ chimérique de son inspiration. La figure récurrente de l'éléphant n'échappe pas à ce jeu de transfiguration dans lequel la poésie est partie intégrante du silence qui renvoie peut-être à celui de la spiritualité extrême-orientale. Elle élabore ses modèles avec une gourmandise et une curiosité toujours plus grande devant le pouvoir de l'imagination qui dévie la réalité prétendue incontournable.
Elle les pare d'une fantaisie onirique sans doute pour répondre à la singularité du moment qui préside à la création.
Pour Jacqueline George Deyme et Jean Marc Lange, le relais de l'image, véhicule de leur monde intérieur, est prioritaire et explique leur choix irréversible pour un art figural. Créateurs d'une vision identitaire, l'un et l'autre sont porteurs d'une vérité et d'une éthique comme gage de leur engagement et conséquemment de leur constance dans le maniement des images.
Publication
Un catalogue a été publié à l’occasion de cette exposition.
Lydia HARAMBOURG, Alain BLONDEL,
Lange/peintures, Deyme/sculptures, Chaleur & obsession
120 pages, 24 x 30 cm, Éditions Carpentier, 2016
En vente au Centre d'art contemporain, à Saint-Pierre-de-Varengeville ou sur demande.
Les recettes des catalogues vendus par Matmut pour les arts sont reversées à la Fondation Matmut Paul Bennetot.
Documents de l'exposition
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