Sélection d’œuvres
Présentation de l'exposition
Odon tresse, tisse, trame des bandes de papier coloré pour obtenir des oeuvres rayonnantes et harmonieuses. Le léger papier kraft est peint recto verso puis découpé. Les bandes sont vrillées, roulées sur elles-mêmes. L'artiste les tord, les torsade, les transforme en fines cordelettes terminées par une partie non tordue qui rappelle une feuille de ginkgo.
Les oeuvres de Odon évoquent des coquilles spiralées ou des conques marines dans lesquelles on écoute la marée, des toiles d'araignées, des crosses, des tourbillons paisibles et des labyrinthes... Elles suggèrent discrètement, le Temps, ainsi que des cadences et des rythmes musicaux.
Les tressages sont des jeux sérieux, exprimant une justesse ludique, une logique joyeuse, une méthode allègre, une ferveur. Le rayonnement des torsions est une circulation de l'énergie dépensée pour les produire, un progrès, une expansion qui refuse la dispersion, une gloire discrète, une splendeur retenue.
La palette de Odon s'est peu à peu enrichie. Dans le dédale des tressages, la couleur apparait insoupçonnée, illimitée, ambiguë, diaprée. Odon crée un mélange optique d'innombrables points, d'atomes, d'éléments multicolores, juxtaposés, croisés, enchevêtrés, intenses. La création de Odon s'écarte du « pittoresque » mais exprime le « pictural ». Mon atelier est mon univers ; tout l'univers est dans mon atelier, dit-il. Il avance vers le cosmos, vers l'illimité, explorant sa propre intimité pour se changer. C'est ainsi que, comme l'âme mobile de ses recherches, ses oeuvres sont toujours abouties et jamais finies.
Interview de l'artiste
Guy Haudoin est né en 1940 au Mans et s'est éteint en avril 2017 à Nogent-sur-Marne. Il sort diplômé en 1961 de l'école des beaux-arts de Tours. Il est alors fasciné par les oeuvres de Piet Mondrian et de Jackson Pollock qui restent pour lui les « deux ailes de l'oiseau ». Il réalise de nombreux voyages en Europe, aux États-Unis, en Inde et, parallèlement, s'installe à Nogent-sur-Marne où il réhabilite une ancienne imprimerie en atelier et résidence.
En 1985, il est frappé par un arrêt cardiaque mais réussit à reprendre ses activités et à renouveler profondément son art. Il délaisse l'angoisse et le tragique de ses oeuvres précédentes, habitées par son double, à la fois magicien et souverain, nommé Patak. Il choisit un nom d'artiste : il sera désormais Odon, en souvenir de celui qui, connu sa bonté et sa patience, fut, en tant que deuxième abbé du monastère de Cluny, l'un des grands guides spirituels du premier âge féodal et, en tant que lettré et musicien, l'une des principales figures intellectuelles du Xe siècle.
Le nom de Odon évoque l'ode (la poésie) et le don (la générosité). Il affirme le désir de l'artiste d'une paix intérieure, des recherches formelles et des pèlerinages pensés.
Son anagramme est nodo, qui, en italien, signifie noeud. Surmontant accidents de santé et deuils, Odon a choisi la vertu de l'Espérance.
Publication
Un catalogue a été publié à l’occasion de cette exposition.
Pascal BONAFOUX,
Odon. L’exception et le silence
120 pages, 24x30, Éditions Bernard Chauveau, 2015
En vente au Centre d'art contemporain, à Saint-Pierre-de-Varengeville ou sur demande.
Les recettes des catalogues vendus par Matmut pour les arts sont reversées à la Fondation Matmut Paul Bennetot.
Documents de l'exposition
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